Depuis novembre 2022, il était déjà possible, à partir de l’âge de 16 ans, de faire réaliser en pharmacie 14 vaccins avec une ordonnance. Les compétences des pharmaciens en matière de vaccination sont élargies depuis le 9 août 2023. Qu’est-ce que cela change en pratique ? Les réponses à vos questions.
Quelles sont les vaccins administrés en pharmacie ?
« Le pharmacien est désormais autorisé à prescrire et administrer en plus des vaccins contre la grippe et la Covid-19, tous les vaccins non-vivants ou vivants atténués du calendrier vaccinal », informe Laura Cerminara, pharmacienne et responsable de l’exercice professionnel à l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). La liste des vaccins obligatoires ou recommandés, notamment en raison de sa profession ou de son état de santé, comprend entre autres ceux contre la diphtérie le tétanos, la poliomyélite, la rougeole, les oreillons, la rubéole, les papillomavirus humains (HPV).
Cette vaccination en officine est-elle possible à tout âge ?
« Seules les personnes âgées de 11 ans et plus peuvent se faire vacciner en officine », indique le Dr Laura Cerminara. Il existe cependant une exception : les pharmaciens peuvent effectuer le vaccin contre la Covid-19 chez les enfants à partir de l’âge de 5 ans.
Toutes les personnes peuvent-elles en bénéficier ?
« La prescription des vaccins vivants atténués pour les personnes immunodéprimées n’est pas possible par le pharmacien et reste une compétence réservée aux médecins », nous informe Laura Cerminara. Les personnes immunodéprimées doivent toujours consulter leur médecin traitant pour recevoir des « vaccins vivants atténués », qui contiennent des virus ou des bactéries affaiblis, tels que les vaccins contre la rougeole, les oreillons, la rubéole, la varicelle, ou le vaccin contre le zona. « Si le patient a une prescription médicale, le pharmacien peut cependant administrer le vaccin », précise la pharmacienne interrogée.
Dans quel cas un vaccin ne peut pas être effectué par le pharmacien ?
La réglementation ne permet pas aux pharmaciens de prescrire ou administrer une vaccination dans le cadre d’un départ en voyage. « Prenons l’exemple de l’hépatite A : le pharmacien peut prescrire et administrer le vaccin si le patient est une personne à risque (si elle est atteinte de mucoviscidose) mais ne peut ni le prescrire ni l’administrer si le patient en bonne santé se vaccine pour partir en voyage ».
Combien cela coûte-t-il ?
Selon les vaccins, le prix est variable. « En ce qui concerne l’acte de vaccination, cela dépend si la prescription a été faite par le pharmacien ou un autre professionnel de santé : le coût est de 9,60 € si la prescription a été faite par le pharmacien, de 7,50 € si le vaccin a été prescrit par un prescripteur autre que le pharmacien », indique la pharmacienne. Le coût de la vaccination covid reste inchangé : 7,90 € l’injection.
Les vaccins effectués en pharmacie sont-ils remboursés ?
« Le remboursement du vaccin (produit) est dépendant du vaccin lui-même et du public cible », explique Laura Cerminara. Le vaccin pour infections à pneumocoque est ainsi pris en charge par l’Assurance maladie à 65 %, le vaccin pour le zona à 30 % seulement pour les personnes de 65 à 74 ans révolus. Le montant restant est généralement remboursé par les complémentaires santé (mutuelles). « L’acte de vaccination en pharmacie, quant à lui, est pris en charge à 70 % pour les personnes ciblées par les recommandations vaccinales. Il peut être pris en charge à 100 % dans certains cas (ALD, femme enceinte par exemple) », indique la pharmacienne.
La vaccination est-elle possible dans toutes les pharmacies ?
La vaccination est possible seulement dans les officines dans lesquelles le pharmacien effecteur est préalablement formé. Ces pharmacies peuvent proposer ce service avec ou sans rendez-vous.
Bon à savoir
Les pharmaciens peuvent aussi délivrer des antibiotiques dans deux cas de figure. Depuis juin 2024, ils sont autorisés à fournir des antibiotiques aux personnes atteintes d’une angine bactérienne à streptocoque du groupe A ou d’une cystite aiguë, sans consultation médicale préalable. La délivrance du traitement antibiotique est conditionnée à la réalisation préalable d’un test d’orientation diagnostique (Trod).
Anne-Sophie Glover-Bondeau