La Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail qui a eu lieu le 28 avril a été l’occasion de revenir sur les troubles musculosquelettiques (TMS), première cause de maladies professionnelles en France. Délétères à la fois pour les salariés et l’entreprise, les TMS se manifestent par des tendinites, des syndromes du canal carpien ou encore des lombalgies. À quoi ces troubles sont-ils dus et comment y remédier ? On vous explique tout.
En France, les cas de troubles musculosquelettiques (TMS) ont augmenté de 60 % entre 2003 et 2019, selon l’Assurance maladie. En 2017, ils représentaient plus de 87 % des pathologies professionnelles ayant entraîné un arrêt de travail ou une réparation financière en raison de séquelles. Tendinite, syndrome du canal carpien ou encore lombalgie, ces troubles concernent essentiellement les muscles, les ligaments, les tendons et les nerfs de la région lombaire, de la nuque, des coudes et des poignets. Plusieurs facteurs expliquent l’apparition des TMS : les contraintes biomécaniques, c’est-à-dire les efforts physiques intenses, les postures inconfortables, les positions statiques prolongées, la répétitivité des gestes ou l’utilisation d’outils vibrants.
Le contexte professionnel en cause
Mais ce n’est pas tout. À ces contraintes s’en ajoutent d’autres, liées au contexte professionnel de l’entreprise. De mauvaises relations de travail, un manque de reconnaissance, une absence de visibilité quant à son évolution professionnelle… Tous ces éléments « peuvent accentuer les contraintes déjà présentes et renforcer le risque de TMS », explique l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS).
De même, les nouvelles formes d’organisation du travail (agressivité du management, recherche de rentabilité à tout prix, délais toujours plus courts, absence d’autonomie…) accroissent également le risque. « Le fait de ne pas disposer des moyens pour bien faire son travail et de subir une organisation incohérente avec les objectifs génère beaucoup de stress, précise Dora Candido, ergonome et psychologue du travail. Cela a un impact important au niveau de la tension corporelle. »
Tous les secteurs touchés
D’après l’INRS, tous les secteurs sont touchés par la croissance des TMS. Les métiers les plus concernés étant ceux « de la mécanique, du travail des métaux, du bois, des industries graphiques, les ouvriers de la réparation automobile, du bâtiment, ou encore de la manutention ». Les troubles musculosquelettiques touchent aussi le secteur tertiaire, comme les coiffeurs, les esthéticiens ou les boulangers. Sans parler du travail de bureau prolongé sur écran d’ordinateur, qui concernait déjà plus de 50 % des travailleurs en 2010. Très gênants pour les salariés, les TMS coûtent aussi très cher à l’employeur. Selon l’agence Santé publique France, ils ont été responsables, en 2008, de la perte de plus de huit millions de journées de travail.
Responsabilité de l’entreprise
D’après la loi, l’employeur a l’obligation de mettre en place tous les moyens nécessaires pour préserver la santé et la sécurité de ses salariés. « C’est au travail de s’adapter à l’homme et non l’inverse », précise Dora Candido. Pour cela, le chef d’entreprise doit procéder à une évaluation complète des facteurs de risques professionnels auxquels sont exposés ses employés et mettre en place les aménagements correspondants. Il pourra par exemple s’agir de solutions techniques, comme des sièges ergonomiques, ou de mesures agissant sur les organisations (diversification des tâches, clarification des objectifs, anticipation des aléas de production…). Si ces initiatives ont un coût, « il faut bien comprendre que la prévention des risques professionnels est un pilier à part entière de la performance des entreprises », conclut Dora Candido.
Les femmes davantage touchées que les hommes
Selon une étude publiée en décembre 2016 par le ministère du Travail, les femmes seraient près de deux fois plus concernées par les troubles musculosquelettiques que les hommes. Un phénomène qui s’explique en partie par « une différenciation genrée des tâches au sein des métiers ». Les femmes sont ainsi, plus souvent que les hommes, soumises « à un travail très répétitif, à des postures contraignantes et sont davantage exposées à certains risques psychosociaux », précise l’étude. On pense aux secteurs particulièrement féminins tels que le nettoyage ou le service à la personne. Même si des progrès ont été accomplis en termes de prévention dans ces secteurs, ces derniers sont encore en retard par rapport à d’autres (l’industrie et la construction automobile, par exemple).