Le prédiabète se caractérise par une glycémie plus élevée que la normale. Souvent asymptomatique au début, il n’évolue pas nécessairement vers le diabète s’il est pris en charge comme l’explique le Dr Pierre Nys, endocrinologue et diabétologue.
Près de 6 % de la population mondiale est concernée par le prédiabète selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Il se définit par un chiffre de glycémie au-delà des valeurs normales (1,10 g/l), mais en dessous du seuil définissant le diabète (1,26 g/l). Non traitées, environ 80 % des personnes souffrant de prédiabète deviennent diabétiques dans un laps de temps de 5 à 10 ans », explique le Dr Pierre Nys, endocrinologue-diabétologue et auteur des ouvrages L’alimentation glucose control et Tout vient du foie (Éditions Leduc).

Le prédiabète touche surtout des personnes en situation de surpoids avec des antécédents familiaux de diabète. Sa fréquence augmente aussi avec l’âge. Les autres facteurs de risque sont le sexe (les hommes sont plus touchés), la sédentarité, un antécédent personnel de diabète gestationnel, d’accouchement d’un ou de plusieurs enfants de poids de naissance supérieur à 4 kg, le syndrome des ovaires polykystiques, une hypertension artérielle ou encore une dyslipidémie traitées ou non traitées. « Parmi les autres facteurs de risques figurent l’origine géographique non caucasienne, la précarité ou encore la malbouffe », note le Dr Nys. Selon certaines études, il existerait plusieurs types de prédiabète en fonction du poids, du taux sanguin d’insuline et de l’intensité de l’insulinorésistance mais ils restent artificiels et nécessitent des bilans sanguins plus complexes et onéreux.
Le prédiabète n’est pas toujours diagnostiqué car il est souvent asymptomatique lors des premières années. « Il n’existe aucun signe annonciateur franc. La seule solution est d’effectuer des contrôles sanguins réguliers pour mesurer la glycémie (taux de sucre dans le sang), surtout en cas de situations à risque. La présence de certains signes indique cependant que la glycémie commence à déraper de façon intermittente mais plus rapprochée : il s’agit de la fatigue, d’une prise de poids inexpliquée, d’une soif plus marqué et d’une envie d’uriner plus fréquente », souligne le Dr Nys.
Alimentation sous surveillance
Le premier traitement du prédiabète réside dans des mesures hygiéno-diététiques. Il faut, en effet, revoir son alimentation et perdre du poids quand il est trop important. « Il faut manger moins de glucides (pain, céréales, etc.) au profit des protéines (œuf, viande, yaourt ou protéines végétales), surtout au petit-déjeuner, et privilégier les aliments à index glycémique (IG) bas. Plus l’IG est élevé, plus le pancréas est sollicité pour produire de l’insuline, au risque d’altérer son activité et de provoquer ainsi un diabète franc. Il faut aussi éviter les produits riches en sucres ajoutés, les jus de fruits industriels, les sodas, les céréales raffinées et favoriser les pâtes, le pain complet ou au levain et le riz complet », conseille le Dr Nys.
L’activité physique est également essentielle. En mobilisant les muscles, le sport augmente la proportion de fibres sensibles à l’insuline par rapport à celles qui ne le sont plus : il diminue leur insulino-résistance et restaure leur capacité de stockage du glucose. En ce qui concerne les médicaments, il est parfois possible de proposer aux prédiabétiques un traitement reposant sur des incrétines qui régulent la glycémie en augmentant la libération/production d’insuline par le pancréas et en améliorant son activité. Enfin, certains compléments alimentaires peuvent aussi être utiles. « Le chrome, la berbérine ou encore le zinc peuvent diminuer l’appétence pour le sucre et les mécanismes de résistance à l’insuline », conclut le Dr Nys.
Violaine Chatal