Dépisté souvent tardivement, le cancer de l’ovaire est traité grâce à la chirurgie et à la chimiothérapie et, de plus en plus, grâce à des inhibiteurs de PARP. Ces molécules appartenant aux thérapies ciblées permettent de proposer des traitements personnalisés.
Le cancer de l’ovaire touche environ 5 300 femmes par an en France, selon l’Institut national du cancer. Apparaissant le plus souvent après la ménopause, il est diagnostiqué tardivement car il est asymptomatique ou se manifeste par des signes non spécifiques comme des douleurs abdominales, des ballonnements, une constipation ou une envie fréquente d’uriner.
Inhibiteurs de PARP : un pas de géant
Pendant des décennies, le traitement du cancer de l’ovaire a reposé sur la chirurgie et la chimiothérapie à base de platine. « On réalisait de la chirurgie d’abord puis de la chimiothérapie, ou de la chimiothérapie (afin de réduire la tumeur) et de la chirurgie dans un second temps avec encore un peu de chimiothérapie », explique le Dr Alexandra Leary, oncologue médicale à l’Institut Gustave Roussy.
Mais ces dernières années ont été marquées par de grandes avancées. Les chercheurs ont en effet découvert que de nombreux cancers de l’ovaire étaient associés à une anomalie génétique, une faille qui pouvait être exploitée grâce à une thérapie ciblée reposant sur les inhibiteurs de PARP (Poly-ADP-Ribose-Polymérase). « Ils se sont rendu compte que cette approche était particulièrement efficace contre les cancers de l’ovaire qui avaient une mutation des gènes BRCA1/2 (mutation qui augmente fortement le risque de développer un cancer du sein et de l’ovaire) mais aussi contre une autre bonne proportion de patientes dont la tumeur possédait ce talon d’Achille détecté grâce à un test appelé HRD. Aujourd’hui, plus de la moitié de nos patientes qui ont un cancer de l’ovaire avancé ont ce talon d’Achille qui nous permet de personnaliser leur traitement », souligne le Dr Leary.
Appartenant aux thérapies ciblées, les inhibiteurs de PARP sont des molécules anticancéreuses sous forme de comprimés qui tuent les cellules tumorales qui sont BRCA1/2 mutées ou qui ont subi un test HRD-positif. « La recherche contre le cancer de l’ovaire a amené l’innovation avec les inhibiteurs de PARP et cette nouvelle approche est maintenant aussi proposée contre certains cancers du sein, de la prostate ou du pancréas. » L’oncologue précise : « Aujourd’hui, le traitement du cancer de l’ovaire devient personnalisé. En plus de la chimiothérapie et de la chirurgie, on prescrit des traitements d’entretien basés sur le profil de la tumeur : soit un inhibiteur de PARP seul, soit un inhibiteur de PARP associé à un anti-angiogénique (biomédicament qui s’attaque aux nouveaux vaisseaux sanguins créés par le cancer pour se développer) comme le bevacizumab (Avastin®), soit un anti-angiogénique seul.»
Immunothérapie : des progrès à faire
En revanche, l’immunothérapie ne semble pas indiquée actuellement dans le cadre du traitement du cancer de l’ovaire.
« Les anticorps qui ciblent les PD-1 (Programmed cell Death protein 1), des protéines présentes à la surface des cellules immunitaires, et les PDL1 (Programmed death-ligand 1), présentes à la surface des cellules tumorales, sont utilisés dans le traitement standard de nombreux cancers comme les mélanomes, les cancers du poumon, du sein, du col de l’utérus et de l’endomètre mais ne fonctionnent pas pour traiter le cancer de l’ovaire. Il va falloir penser à d’autres approches pour inciter le système immunitaire à attaquer les cellules du cancer de l’ovaire », note le Dr Leary.
Des études sont en cours dans ce domaine, notamment en France. L’équipe du Dr Leary, à l’Institut Gustave Roussy, mène ainsi un essai sur un vaccin associé à une immunothérapie afin de stimuler le système immunitaire. D’autres approches ayant le même objectif sont, quant à elles, basées sur de la thérapie cellulaire et très prometteuses.
En revanche, les stratégies de dépistage de ce cancer restent insuffisantes. « Il s’agit d’une thématique de recherche majeure et il existe plusieurs approches possibles comme des biomarqueurs (paramètres servant à évaluer une maladie) qui pourraient être détectés dans la salive ou dans le sang. Mais aujourd’hui, les chercheurs n’ont pas encore réussi à obtenir des résultats suffisamment probants », conclut le Dr Leary.
Violaine Chatal