Qu’ils soient atteints de formes bénignes ou graves, les patients Covid font l’objet d’un suivi bien spécifique. En Ile-de-France, la plateforme de surveillance médicale Covidom les accompagne pendant plusieurs semaines à domicile afin de désengorger le système de santé et d’éviter la surcontamination. Pour les cas les plus complexes, un passage en soins de suite et de réadaptation (SRR) est indispensable à l’issue de l’hospitalisation.
Mi-mars, Leslie, 37 ans, commence à ressentir les premiers symptômes de la maladie. Elle tousse beaucoup et a rapidement du mal à respirer. Conduite en ambulance à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) après avoir contacté SOS médecins, la jeune femme est finalement diagnostiquée Covid + et passera une semaine sur place, dont cinq jours sous oxygène. A sa sortie, elle intègre la plate-forme de télésurveillance médicale Covidom lancée dès le 9 mars par l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris), l’Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France et l’Union des médecins libéraux. « Chaque jour pendant deux semaines, j’ai dû remplir un questionnaire en ligne qui détaillait mon état de santé avec mesure de la fréquence cardiaque, respiratoire et de la température, se souvient-elle. Même s’il était un peu contraignant, cet accompagnement a été plutôt satisfaisant. Je me suis sentie vraiment soutenue. » Toujours effective aujourd’hui et désormais déclinée dans de nombreuses villes (Marseille, Caen, Rouen, Bordeaux…), l’application a permis de suivre plus de 65 000 patients franciliens.
Suivi à domicile du covid en toute sécurité
L’objectif de cette application inédite est simple : « proposer aux patients qui ne présente pas, ou plus, de signes de gravité d’être suivis à leur domicile en toute sécurité, explique le professeur Patrick Jourdain, cardiologue et directeur médical de la plateforme. L’idée est aussi d’éviter la surcontamination, l’engorgement du système de santé et de créer une véritable coopération ville-hôpital : les personnes sont inscrites soit par le médecin traitant soit par le médecin hospitalier et ces derniers ont un accès direct au dossier de leur patient. » A la moindre alerte, celui-ci est rappelé par un des opérateurs bénévoles (étudiants en médecine, dentaire, soins infirmiers…) et a la possibilité de parler à un médecin. Si besoin, la plateforme contacte le Samu pour une prise en charge immédiate.
Ce suivi qui a également beaucoup aidé Noémie, 39 ans, atteinte d’une forme bénigne n’ayant pas nécessité d’hospitalisation. « J’ai perdu l’odorat et j’ai eu de violents maux de tête, détaille-t-elle. J’étais inquiète parce qu’on entend tellement de choses contradictoires sur ce virus ! Avec l’appli, j’ai pu échanger avec des médecins qui ont su me rassurer. »
Soins de suite et de réadaptation
Pour les cas les plus graves, c’est-à-dire ceux passés en réanimation, le suivi est évidemment plus lourd. Parce que la plupart ont été intubés sur de longues périodes, ces patients doivent, une fois passée la phase critique, rejoindre des unités de soins de suite et de réadaptation (SSR). En fonction des cas, les séquelles peuvent être lourdes : atteintes neurologiques, problèmes articulaires et musculaires, fatigue intense et perte de poids. Ces patients « nécessitent une attention particulière car beaucoup ont subi un grand choc psychologique », précise, sur le site de la Croix-Rouge française, le docteur Anne Boquel, responsable de l’unité Covid-19 du centre de SSR Marguerite Boucicaut à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). La réhabilitation respiratoire est en outre fondamentale : « En raison de l’atteinte pulmonaire (…), de nombreux patients sont encore limités, explique le docteur Gilles Gonzales, pneumologue. (Ils) ont besoin de soins de suite pour retrouver l’ensemble de leurs capacités : la prise en charge s’effectue de façon globale. » Après avoir vaincu la maladie, « il reste donc beaucoup à faire pour récupérer et retrouver une vie normale », conclut-il.
Une consultation post-confinement pour les plus fragiles
Depuis le 30 mai, les patients à risque de forme grave de Covid-19 ou atteints d’une ALD qui n’ont pas pu être suivis pendant le confinement peuvent bénéficier d’une consultation « bilan et vigilance ». Intégralement remboursé par l’Assurance maladie, ce rendez-vous proposé par le médecin traitant s’adresse notamment aux personnes de plus de 65 ans, à celles souffrant de diabète, d’insuffisance rénale chronique, de problèmes respiratoires, cardiovasculaires, ou encore d’obésité. Il devra permettre « d’évaluer l’impact du confinement sur la santé des patients, (et de) s’assurer de la continuité des soins », précise le ministère de la Santé.