Pour conclure notre série d’articles sur le mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein Octobre Rose, nous avons voulu nous pencher sur ces tatoueurs et tatoueuses qui se spécialisent dans le recouvrement des cicatrices et le dessin de tétons artificiels à la suite des traitements. Nous vous expliquons tout ça dans notre nouvel article.
Cette année, l’association Sœurs d’Encre a proposé à 22 femmes de se faire tatouer gratuitement pour recouvrir les cicatrices laissées par leurs mastectomies. Samia fait partie des bénéficiaires et a décidé de sauter le pas car « accepter son corps après une mastectomie…c’est pas évident mais j’ai très vite pensé que ma cicatrice symbolisait ma victoire sur ce combat, alors l’orner d’un tatouage c’est la fin d’un parcours ». Le tatouage sur des cicatrices et une spécialité à part dans ce milieu, c’est pourquoi l’association s’entoure de professionnel(le)s du monde médical car la peau est fragilisée, les tissus ont souvent été brûlés par la radiothérapie et cela rend le travail plus complexe. Les tatoueuses reçoivent donc une fiche médicale et technique sur chaque candidate afin d’avoir les détails de la chirurgie pour des raisons pratiques mais également pour comprendre l’état psychologique de ces femmes.
Reconstruction mammaire : le long parcours de la combattante
En France, seulement 30% des femmes ayant subi un cancer du sein recourt à une reconstruction. Après une ablation des seins, la pose de prothèses est un parcours long qui nécessite des opérations chirurgicales supplémentaires, ce dont les anciennes patientes n’ont plus envie.
Vinnie Myers, star du tatouage artistique, change de registre en 2001 et se lance dans le dessin de tétons et d’aréoles. Il développe ainsi un procédé ultraréaliste de tatouage en 3D et il a, à ce jour, pu faire bénéficier 5 000 femmes de son expertise. Le tatouage est toujours un moment fort, à la fois pour les femmes (qui l’appellent souvent « docteur ») et pour Vinnie : « Quand je suis avec elles, je suis un peu psy, un peu consultant, un peu toubib et un peu artiste. C’est une relation très spéciale ».
En parallèle de ce que propose les tatoueurs, il est possible d’utiliser la technique de la dermopigmentation. Dans ce cas, les encres sont spécifiques et biorésorbables, c’est-à-dire que l’organisme les élimine au fur et à mesure. Ces produits sont extrêmement réglementés et cette technique peut être réalisée à l’hôpital pour reproduite des aréoles mammaires. Pratiquée dans ces conditions, la dermopigmentation est prise en charge à 100%.
De son côté, l’association Sœurs d’Encre milite pour que le tatouage artistique soit reconnu comme une possibilité de reconstruction et, à termes, qu’il soit pris en charge par la sécurité sociale.