La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a récemment publié une étude approfondie sur les difficultés psychosociales rencontrées par les enfants et les adolescent(e)s au premier semestre 2021. On vous en parle dans notre nouvel article.
Cette étude met en évidence les disparités sociales qui accompagnent ces problèmes, leur impact sur la vie quotidienne des jeunes et les recours aux soins pour des motifs psychologiques pendant la crise du Covid-19. Les données de cette étude proviennent du troisième volet de l’enquête Épidémiologie et Conditions de vie liées au Covid-19 (EpiCov), qui inclut des modules spécifiques pour évaluer la santé mentale des adultes, les difficultés psychosociales des enfants de 3 à 17 ans et les recours aux soins psychologiques pour ces deux populations. Ces résultats complètent les premières données publiées par Santé publique France sur le bien-être des enfants de 6 à 11 ans.
Quelles différences entre filles et garçons ?
Selon cette étude, près d’un enfant sur dix âgé de 3 à 17 ans présente des difficultés psychosociales, avec des variations significatives en fonction de l’âge et du sexe. Les problématiques psychosociales touchent 10 % des garçons et 7 % des filles dans cette tranche d’âge. Ces difficultés ont tendance à diminuer avec l’âge, bien que leur impact sur la vie quotidienne des enfants augmente. Les jeunes garçons sont plus susceptibles de présenter des problèmes comportementaux (19 % des 3-5 ans) ou d’attention et d’hyperactivité (17 % des 6-10 ans), qui diminuent avec l’âge. En revanche, les difficultés relationnelles augmentent avec l’âge, touchant près d’un garçon sur cinq entre 11 et 17 ans (18 %). Les filles sont davantage concernées par les problèmes émotionnels (15 % des 6-10 ans), qui persistent jusqu’à l’adolescence (13 % des 15-17 ans).
En plus de l’âge et du sexe, ces difficultés psychosociales montrent d’importantes disparités selon les caractéristiques du ménage, du parent répondant et de l’enfant. Les enfants des ménages les moins aisés sont plus touchés par les difficultés émotionnelles, comportementales et relationnelles. La détérioration de la santé mentale des parents et un faible soutien social sont notamment associés à la présence de difficultés psychosociales chez l’enfant. Une exposition prolongée aux écrans et une faible participation à la lecture et aux activités physiques sont également des facteurs associés à ces difficultés. Les enfants des départements d’outre-mer (DOM) présentent moins de difficultés psychosociales que ceux de France métropolitaine.
Les inégalités d’accès aux soins psychologiques
Entre mars 2020 et juillet 2021, environ 12 % des enfants âgés de 3 à 17 ans ont consulté un professionnel de santé pour des problèmes psychologiques. Les filles consultent légèrement plus que les garçons, avec 13 % contre 12 %. Une augmentation significative des recours aux soins de santé mentale est observée chez les filles de 15 à 17 ans, corroborant d’autres études alertant sur la hausse des troubles anxio-dépressifs et des gestes suicidaires chez les adolescent(e)s.
L’étude met en évidence une disparité sociale dans les recours aux soins pour motifs psychologiques, en particulier chez les ménages aisés qui ont davantage recours aux psychologues. Cependant, les analyses montrent que cette inégalité sociale est davantage liée au niveau d’éducation et au parcours migratoire des parents qu’au niveau de vie.
Ces résultats complètent ceux de l’enquête Enabee de Santé Publique France, qui intègre pour la première fois le point de vue de l’enfant dans l’évaluation des troubles émotionnels. Ces études fournissent une base précieuse pour comprendre et aborder les problèmes de santé mentale chez les jeunes générations, tout en soulignant l’importance de réduire les inégalités sociales dans l’accès aux soins psychologiques.