Chaque année, environ 160 000 enfants en France sont victimes de violences sexuelles, dont une majorité au sein de leur propre famille (81% des cas). Ce chiffre alarmant, révélé par la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (CIIVISE), souligne l’urgence de santé publique.

Des séquelles profondes et durables sur la santé
Les conséquences sont multiples et affectent durablement la santé des victimes. L’étude ACE (Adverse Childhood Experiences) a démontré que les traumatismes subis dans l’enfance sont à l’origine de conséquences graves sur la santé, tant physique que psychologique. 89% des victimes souffrent de troubles post-traumatiques : troubles anxieux, dépressions, des conduites à risque, des addictions, des maladies chroniques, des troubles du sommeil et des tentatives de suicide. 7,4 millions de personnes en France ont été victimes de situations incestueuses, selon un sondage réalisé par Ipsos en octobre 2023 pour l’association Face à l’inceste. Le risque de subir d’autres violences à l’âge adulte est doublé. Les violences sexuelles détruisent l’enfance et compromettent la santé de toute une vie. Le coût économique pour la société est estimé à 9,7 milliards d’euros par an, dont la majorité en dépenses de hashtag santépublique.
Une mobilisation nationale qui doit se renforcer
Face à cette situation préoccupante, la CIIVISE a formulé 82 recommandations en novembre 2023 pour renforcer la protection de l’enfance. Parmi ces préconisations figurent la reconnaissance de l’hashtag inceste comme crime spécifique, la mise en place de parcours de soins adaptés aux victimes sans reste à charge, une véritable prévention dès le plus jeune âge et la formation systématique des professionnels de santé à la détection des violences sexuelles.
En octobre 2024, la CIIVISE a publié un rapport d’étape évaluant l’avancement de ces recommandations. Bien que des progrès aient été réalisés (volonté de généralisation de dispositifs d’alertes, extension du contrôle du fichier des auteurs d’infractions sexuelles, garantie d’un accès à des soins spécialisés en psycho-trauma…), la commission souligne que de nombreux défis subsistent (création d’une ordonnance de protection de l’enfant, débats sur l’imprescriptibilité, absence de moyens humains…). En avril 2025, la ministre des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, a annoncé la prolongation du mandat de la CIIVISE jusqu’en octobre 2026, affirmant l’engagement continu du gouvernement dans cette lutte.
Le prolongement de la CIIVISE pour une année montre que le gouvernement a compris l’intérêt et la nécessité d’une instance indépendante dédiée pour lutter contre l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, même si la Commission rappelle que l’absence de moyens humains supplémentaires limitera ses actions alors que les alertes qui lui parviennent sont toujours plus nombreuses.