Les avancées en matière d’imagerie médicale, notamment avec l’utilisation de nouveaux radiotraceurs, ouvrent la voie à des diagnostics plus précis et à une meilleure prédiction de la réponse des patient(e)s aux traitements. Ces innovations, portées par des centres comme l’Institut Curie, pourraient marquer un tournant dans la prise en charge des cancers, y compris le cancer du sein. On vous en parle dans notre nouvelle revue de presse.

L’imagerie médicale : bien plus qu’une simple photo

« L’imagerie médicale, ce n’est pas juste une photo. Nous sommes dans une révolution de l’image qui va encore mieux guider les traitements contre les cancers », affirme le Pr Steven Le Gouill, directeur de l’ensemble hospitalier de l’Institut Curie. Cette révolution, qui concerne l’imagerie dans sa globalité, a des retombées particulièrement intéressantes dans le domaine des cancers du sein, avec des essais en cours visant à améliorer la prise en charge des patientes.

L’Institut Curie, centre européen de référence dans le traitement du cancer du sein, mène de nombreuses recherches dans ce domaine. L’un des projets les plus prometteurs est l’essai Skyline, lancé en avril, qui cherche à comprendre pourquoi 30 % des femmes atteintes de cancers du sein triple négatif ne répondent pas aux traitements. Les chercheur(e)s soupçonnent que les fibroblastes, des cellules qui entourent la tumeur et contribuent à sa croissance, pourraient jouer un rôle clé dans cette résistance aux traitements.

Les limites des TEP-scanners actuels et l’usage des nouveaux radiotraceurs

Actuellement, les médecins utilisent des TEP-scanners (tomographie par émission de positons) pour suivre l’évolution des cellules cancéreuses. Ces appareils fonctionnent avec des radiotraceurs à base de sucres, car les cellules cancéreuses consomment une grande quantité de glucose. Toutefois, ces radiotraceurs présentent des limites, notamment lorsqu’il s’agit de détecter des métastases dans le cerveau, un organe lui-même grand consommateur de sucres.

Pour pallier ces insuffisances, les chercheur(e)s testent de nouveaux radiotraceurs, comme les FAPI, qui se fixent sur les fibroblastes présents autour des tumeurs. Cette nouvelle approche, utilisée dans l’essai Skyline, vise à mieux cibler les cellules clés de l’environnement tumoral et pourrait révolutionner la manière dont les cancers du sein sont diagnostiqués et traités.

Des avancées prometteuses dans la prédiction des réponses aux traitements

En parallèle de ces travaux, d’autres chercheur(e)s de l’Institut Curie explorent des radiotraceurs capables de se fixer directement sur les récepteurs hormonaux des tumeurs. Ces récepteurs jouent un rôle crucial dans le développement de certains cancers, et leur présence peut déterminer l’efficacité d’un traitement d’hormonothérapie. « On peut déjà prédire avant le traitement si une patiente va répondre à l’hormonothérapie », se réjouit Hervé Brisse, chef du département de radiologie de l’Institut Curie.

Si les résultats obtenus sont très prometteurs, ces nouvelles techniques d’imagerie doivent encore être standardisées avant de pouvoir être déployées dans l’ensemble des centres de lutte contre le cancer.

En permettant de prédire la réponse d’une patiente à un traitement avant même de le commencer, les nouveaux radiotraceurs et technologies d’imagerie pourraient considérablement améliorer les taux de succès des traitements contre le cancer du sein, en particulier pour les formes les plus résistantes, comme le cancer du sein triple négatif.

Julia Rodriguez