On dit qu’il faut le préserver, le maitriser, le muscler, le rééduquer, parfois même savoir le relâcher et pourtant, on le connait bien mal, le périnée !

Le périnée, c’est quoi en réalité ?

Le périnée, qu’est-ce que c’est ?

 

Un peu d’étymologie

Que ce soit du latin perineum ou du grec perineos, le périnée désigne ce qui est autour des voies évacuatrices en l’occurrence la vessie, le rectum et l’appareil génital, féminin ou masculin. En effet, le périnée n’est pas l’apanage exclusif des femmes, les hommes aussi en sont pourvus. Cependant, sachant qu’il tient une place très importante dans la santé gynécologique, je m’adresserai plutôt aux femmes !

Un peu d’anatomie

Le périnée est un ensemble de muscles tendus entre le sacrum en arrière, et la symphyse pubienne en avant, formant une sorte de hamac. Il est, au sens propre, notre fondement, notre soubassement, comme le fond d’un sac dont il porte le contenu, à savoir l’intestin, la vessie, l’utérus et les ovaires, autrement dit tout ce qui se trouve sous le diaphragme.

Il est percé de trois orifices laissant passer :

  • L’urètre pour évacuer les urines,
  • Le vagin
  • L’anus pour les selles

Les muscles du périnée étant en profondeur dans le bassin, on ne peut les voir, mais il est possible de les ressentir et les mobiliser par des contractions volontaires. Le plancher pelvien, autre nom du périnée, en plus de son rôle de soutien des viscères a aussi un rôle à jouer dans la posture en général et la bascule du bassin en particulier par le biais de ses muscles les plus profonds.

Quelques réponses aux questions courantes

 

À quoi sert le périnée ?

Il supplée parfaitement l’absence de musculature propre du vagin, il permet ainsi que sa paroi ne se déroule pas à l’extérieur. Il ne lui est bien sûr pas interdit de participer à la satisfaction sexuelle… Le sphincter de la vessie fonctionne de manière automatique sans le contrôle de la volonté. En cas d’urgence ou de défaillance, le périnée est là pour faire office de sphincter de secours. Il en est de même pour l’anus lorsqu’il s’agit de retenir des gaz ou des selles.

Un périnée peut-il être trop tonique ?

Intrinsèquement non, mais certaines femmes ont un réflexe dit « vaginique » qui entraine une contraction involontaire des muscles du périnée, que ce soit lors d’un examen gynécologique ou d’un rapport sexuel. Il s’agit plus d’une incapacité à relâcher son périnée que d’une musculature trop puissante. Dans la forme extrême, cela aboutit au vaginisme qui empêche toute pénétration. Fermons la parenthèse et revenons à la situation infiniment plus fréquente des insuffisances périnéales.

Pourquoi le périnée a-t-il tendance à s’affaiblir ?

Tout ce qui augmente la pression abdominale est susceptible d’endommager le périnée : les grossesses, les accouchements de gros bébés, le surpoids, la constipation chronique, la toux chronique, des sports mal adaptés (haltérophilie) ; voilà les facteurs de risque les plus importants d’insuffisance périnéale. L’âge et la ménopause s’allient aussi bien volontiers pour donner un coup de mou au périnée… pas cool ! Lorsque le périnée perd de son tonus, il laissera alors apparaître les prolapsus et ne permettra plus d’éviter l’incontinence.

Les problèmes de santé liés au périnée

 

Les prolapsus

Dans le langage commun, on parle plutôt de « descente d’organe » ce qui correspond bien à ce que l’on observe. S’il s’agit de la vessie on parle de cystocèle, pour le rectum de rectocèle, pour le vagin d’élytrocèle et pour l’utérus, d’hystérocèle. Les prolapsus les plus fréquents sont les cystocèles et les rectocèles.

Il est important de comprendre que les parois du vagin sont intimement accolées en avant à la paroi de la vessie et en arrière à celle du rectum ; ce qui apparaîtra à la vulve ce sera donc toujours la muqueuse vaginale avec la vessie ou le rectum. Seuls les prolapsus importants dit de stade III occasionneront une gêne avec une sensation de boule entre les lèvres. Pour les stades moindres, il s’agit d’une observation de l’examen gynécologique. Il n’y a pas nécessairement de corrélation avec des troubles urinaires ou de la défécation. Le périnée, s’il est tonique permet de retarder l’apparition du prolapsus à la vulve.

Les incontinences

L’incontinence anale aux selles et/ou aux gaz est davantage la conséquence d’une insuffisance du sphincter anal ou de sa déchirure obstétricale que d’une insuffisance périnéale.

L’incontinence urinaire quant à elle peut être consécutive à une descente de la vessie, une insuffisance du sphincter ou une instabilité de la vessie. Ce n’est donc pas directement la faute du périnée. En revanche, rappelez-vous que votre périnée est votre sphincter de secours et qu’il trouve-là toute sa vocation, il va donc falloir le chouchouter !

Comment garder ou retrouver un périnée tonique ?

 

En prévention

Il s’agit de lutter contre les facteurs de risque, autrement dit :

    • Maîtriser son poids
    • Éviter la macrosomie comme dans le diabète gestationnel
    • Évaluer et rééduquer le périnée après l’accouchement
    • Lutter contre la constipation,
    • Apprendre à faire des abdominaux sans augmenter la pression abdominale (gymnastique hypopressive) donc en expiration et en raccourcissement.

En rééducation

Pour les prolapsus, jamais une rééducation n’a malheureusement réintégré une vessie dans la cavité abdominale, mais elle permet de retarder son extériorisation. En revanche, la rééducation périnéale précèdera ou accompagnera toujours tout traitement médicamenteux ou chirurgical de l’incontinence. Il existe de nombreuses méthodes à pratiquer seule ou avec un professionnel de santé (médecin rééducateur fonctionnel, sage-femme, ou kinésithérapeute) qu’elles soient manuelles, assistées de sondes vaginales d’électrostimulation, ou encore d’un bio feedback qui consiste à visualiser les contractions périnéales pour mieux les maitriser. Ces techniques peuvent être proposées à chaque femme selon sa pathologie, son temps et sa demande.

Et pour conclure…

Pour garder un bon périnée, autant commencer par éviter un maximum les situations à risque ! Prendre conscience de son périnée, le contracter volontairement plusieurs fois par jour sont aussi des attitudes simples pour lui garder son tonus. Enfin, il ne faut pas hésiter à consulter et le rééduquer activement en cas de défaillance !

Auteurs : BAGOT Odile (Dr-Gynécologue-obstétricienne) • Equipe Offre Prévention de la Mutualité Française

Sources : Odile Bagot Vagin & Cie, on vous dit tout. Mango Editeur