L’intelligence artificielle (IA) est en train de révolutionner le secteur de la santé, mais l’action publique peine à suivre le rythme. Un rapport de Terra Nova met en lumière l’urgence d’une intervention coordonnée pour éviter des inégalités croissantes et garantir une diffusion équitable et sécurisée des innovations technologiques. On vous détaille les principaux points à retenir dans cette nouvelle revue de presse.
L’IA connaît une accélération majeure dans divers domaines médicaux, notamment la radiologie, l’oncologie, la santé mentale et le vieillissement. Les technologies de l’IA générative, capables de synthétiser des publications scientifiques et des dossiers médicaux, promettent de transformer les essais cliniques et l’innovation thérapeutique.
Un retard politique
Malgré ces avancées, les politiques publiques n’ont pas encore pleinement intégré l’IA comme levier pour améliorer la prévention et l’accès aux soins. C’est ce que déplore le think-tank Terra Nova dans un rapport de 75 pages signé de Mélanie Heard, responsable du pôle Santé, et David Gruson, fondateur d’Ethik-IA et ancien de la fédération hospitalière française. Ce retard risque d’accentuer les inégalités territoriales et matérielles dans l’accès aux innovations technologiques.
Des propositions pour une action publique efficace
- Conseil stratégique de l’IA en santé : créer un conseil stratégique réunissant pouvoirs publics, représentant(e)s des patient(e)s, acteur(trice)s de santé et innovateur(trice)s en IA pour structurer et coordonner les politiques publiques.
- Observatoire de l’IA en santé : mettre en place un observatoire pour suivre la diffusion de l’IA et ses effets sur la prévention et l’accès aux soins, avec une forte dimension médico-économique.
- Modèle médico-économique : intégrer un modèle médico-économique pour la diffusion de l’IA dans la loi de financement de la sécurité sociale de 2025 et lancer des parcours territoriaux de santé avec IA dans des territoires pilotes.
- Écosystèmes de garantie humaine : soutenir le développement d’écosystèmes de garantie humaine pour l’IA, assurant la supervision humaine et la conformité avec l’AI Act européen.
- Modèle durable : promouvoir un modèle durable pour la diffusion de l’IA en santé, basé sur la supervision humaine par des professionnel(le)s de santé et des représentant(e)s des patient(e)s.
- Synergies professionnelles : encourager les synergies entre professionnel(le)s paramédicaux et médicaux dans l’utilisation de l’IA, notamment en dermatologie et pour le maintien de l’autonomie à domicile.
- Innovation en télémédecine : soutenir les innovations en télémédecine et téléradiologie intégrant une supervision humaine de l’IA pour améliorer l’accès aux diagnostics spécialisés.
- Normes Européennes et Internationales : participer activement à l’élaboration de normes européennes et internationales pour l’IA en santé, afin de garantir des pratiques éthiques et compétitives.
Souveraineté et sécurité
Il est crucial de développer l’IA dans un cadre qui assure la souveraineté numérique française et européenne en santé. Un cadre juridique robuste, incluant l’AI Act européen, est nécessaire pour garantir la qualité et la sécurité des applications de l’IA en santé. Il s’agit notamment du sujet de la gestion des données qui sont à la fois cruciales pour l’innovation et l’amélioration des modèles utilisant des technologies d’IA mais qui sont fortement sensibles et donc susceptibles d’être piratées ou détournées.
Les professionnel(le)s de santé doivent être formé(e)s à l’utilisation de l’IA pour garantir une utilisation efficace et éthique de ces technologies.
De la même manière, sans intervention publique, il existe un risque de voir émerger des solutions d’IA privées et payantes, compromettant l’équité d’accès aux innovations en santé.
En conclusion, l’IA a le potentiel de transformer profondément le secteur de la santé, mais une action publique coordonnée et proactive est indispensable pour garantir une diffusion équitable, sécurisée et bénéfique pour toutes et tous.
Julia Rodriguez