En 2020, Catherine Rosso fonde une ligne de prêt-à-porter pour les patients en ambulatoire. Récompensée d’un Positive Planet Awards et du prix Start-up Boost de la Foire de Paris, l’entrepreneuse revient sur ses débuts couronnés de succès.
C’est en accompagnant votre père lors de ses séances de dialyse qu’est née l’idée d’une marque de vêtements adaptés ?
Tout à fait. Été comme hiver, il portait une chemisette afin de laisser son bras accessible. À l’époque, j’étais responsable d’un service de maintien à domicile. Mon job était d’évaluer les besoins des patients. Déformation professionnelle : j’ai cherché une solution pour qu’il ait moins froid, j’ai customisé un pull avec des ouvertures pour permettre l’accès au dispositif médical tout en offrant plus de confort au patient. Ce jour-là, pour la première fois, mon père a souri pendant sa séance. Le pull a fait le buzz dans le service. Son néphrologue m’a encouragé à me lancer.
Quelles ont été les grandes étapes de la création d’Hôp’ti Soins ?
Je ne connaissais rien à l’entrepreneuriat ni au prêt-à-porter. Au départ, j’ai eu la chance d’être accompagnée par Cancer Campus, une association qui aide les start-up à innover dans la lutte contre le cancer. J’ai obtenu le label OncoEntrepreneur. J’ai fait réaliser des prototypes et trouvé un fabricant au Portugal. Je souhaitais un tissu 100 % coton, sans allergènes susceptibles d’irriter la peau. Par la suite, j’ai trouvé des fonds pour lancer le site de e-commerce. Je propose actuellement des tee-shirts et sweats adultes et enfants en trois coloris pour les personnes en dialyse et en chimiothérapie.
Comment fonctionnent ces dispositifs ?
Pour la dialyse, les soignants posent une fistule à l’intérieur du bras pour alimenter le circuit de la machine. J’ai donc créé un zip avec une fermeture éclair. Pour la chimiothérapie, ce sont des boutons pressions stratégiquement disposés, la poitrine doit être dégagée pour la perfusion (voir photo). Les patients n’ont plus besoin de se déshabiller, quelle que soit la température des salles des hôpitaux, ils restent au chaud pendant la durée du traitement.
Quel a été l’accueil des patients, des soignants et des familles ?
Les retours sont très bons. Mais il y a un gros travail de communication à faire pour faire connaître les produits. Quand on est malade avec une pathologie lourde, on pense davantage au traitement, à la guérison et moins au confort. J’y crois à fond. En France près de 90 000 patients sont dialysés, les protocoles durent au minimum 5 ans avant de pouvoir avoir accès à une greffe. Les besoins sont là.
Quels sont vos projets pour la marque ?
Je souhaite déjà me faire connaître et bien m’implanter sur le marché français. J’aimerais créer des pyjamas et des chemises médicales qui respectent la dignité des patients hospitalisés, c’est-à-dire sans ouverture par-derrière. Des grenouillères aussi pour les nourrissons en chimio. Le travail des soignants, c’est de soigner, le confort passe au second plan mais pour moi c’est essentiel.