Très utilisée lors des premières années de vie pour aider les enfants victimes de troubles du langage ou de la communication, l’orthophonie peut aussi être un soutien précieux lors de l’avancée en âge.
Comme le rappelle la Fédération nationale des orthophonistes (FNO), ces thérapeutes interviennent à tous les âges de la vie et apportent notamment une aide non négligeable aux seniors fragiles. Certains signes de l’âge peuvent, en effet, être liés au vieillissement naturel mais d’autres sont des signes de fragilité que la prise en charge en orthophonie peut aider à prévenir. « Elle permet d’entretenir les capacités de communication des personnes présentant des pathologies neurodégénératives et pallie leurs entraves le plus longtemps possible. La thérapie propose aux patients et à leur entourage familial des procédures pour soutenir les échanges en favorisant les actes de langage adéquats et en évitant les situations perturbatrices ou inhibitrices », explique Catherine Thibault, psychologue, orthophoniste et auteure du livre La langue, la vie privée d’un organe très discret (éditions de L’Archipel). « Les séances d’orthophonie adaptées aux plus âgés permettent de prendre en charge l’atteinte mnésique, l’atteinte langagière, la perte du sens des mots, les troubles des habiletés discursives (capacités à raconter quelque chose) et des habiletés pragmatiques (capacités à adapter son langage) ou l’atteinte de la reconnaissance visuelle le plus souvent et du geste (agnosie, apraxie). Sont aussi pris en charge les problèmes de capacités de communication, les troubles de la déglutition, les troubles de l’oralité et de la voix, la dysarthrie (incapacité à articuler les mots de façon normale), la maladie de Parkinson ou la SLA (maladie de Charcot) ».
Des rendez-vous réguliers
Les séances ont lieu le plus souvent au cabinet ou, quand la personne n’est plus en mesure de se déplacer, à son domicile ou dans les Ehpad. La fréquence conseillée est de deux séances par semaine. « Lors de ces séances, l’orthophoniste maintient les compétences de son patient sans jamais le positionner dans une situation d’échec. L’objectif est de potentialiser ses mécanismes compensatoires en visant une optimisation des stratégies adaptatives afin qu’il reste le plus autonome possible », explique Catherine Thibault.
L’orthophoniste propose ainsi différents exercices personnalisés et adaptés à la personne âgée, en fonction de son degré d’atteinte et de ses capacités. Ils peuvent reposer sur le contrôle du souffle, le travail autour des mouvements de la bouche et du visage ou du mime. L’orthophoniste peut se baser sur des jeux, des images, des photos ou encore des livres. Seul ou en collaboration avec un ergothérapeute, l’orthophoniste peut également proposer des outils de communication basés sur les nouvelles technologies et des logiciels informatiques. « Enfin, la prise en charge peut prendre la forme de « groupe mémoire » dans différentes institutions », précise Catherine Thibault qui insiste sur le fait que l’accompagnement des aidants est indispensable pour que cette aide soit optimale.
Quelle prise en charge ?
Pour être suivi par un orthophoniste et être pris en charge, il faut demander une prescription médicale à un médecin généraliste ou spécialiste. Lors de la première consultation, l’orthophoniste réalise un bilan en faisant passer des tests. Puis, il rédige un compte rendu indiquant le diagnostic, la nature du traitement et le nombre de séances nécessaires. Les séances d’orthophonie sont remboursées à hauteur de 60 % par l’Assurance maladie.
Violaine Chatal
Léa Vandeputte