Dans un hors-série publié cet été, le magazine 60 millions de consommateurs, qui a analysé plus de 130 produits labellisés, explique que les aliments bio ne sont pas exempts de polluants et de sucres. Ils ne sont pas non plus toujours produits de façon éthique.
Un vrai carton. « En une vingtaine d’années, les aliments bio se sont imposés dans nos assiettes », souligne le magazine 60 millions de consommateurs dans son hors-série spécial labels biologiques publié en juillet. Avec plus de 8 milliards d’euros de produits alimentaires bio achetés en 2017 (17 % de plus qu’en 2016), on est désormais bien loin d’une simple mode. Le détail de ces chiffres fournis par l’Agence bio (Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique) révèle aussi qu’en 2018, plus de neuf Français sur dix déclaraient avoir consommé ce type de denrées. Près de 75 % en mangeaient au moins une fois par mois et 12 % tous les jours. Un succès qui s’explique par la volonté des consommateurs d’adopter une alimentation plus saine et respectueuse de l’environnement. Mais ont-ils vraiment raison de placer tous leurs espoirs dans les labels bio ? Pour le savoir, 60 millions de consommateurs a passé au crible plus de 130 aliments labellisés de la grande consommation. Verdict : seuls les fruits et légumes seraient dignes de confiance (mêmes s’ils ne sont pas parfaits) avec une mention spéciale pour les pommes et les bananes.
Labels bio peu contraignants
« A l’heure où les scandales alimentaires s’enchaînent, le logo (en particulier AB – agriculture biologique – et le label aux étoiles de l’Union européenne, NDLR) fait figure de Graal. Pourtant, il est loin d’être sans faille, souligne Christelle Pangrazzi, rédactrice en chef adjointe du magazine. Si la charte du bio garantit une utilisation restreinte des pesticides, elle autorise les mêmes seuils résiduels que dans le conventionnel. De même, elle a beau réduire le nombre des additifs, elle permet, dans les charcuteries, l’usage des nitrites de sodium, reconnus cancérogènes. » Autre point relevé : les consommateurs sous-évaluent très souvent la valeur calorique des aliments bio par rapport à celle des autres produits : « Une pâte à tartiner, bio ou non, c’est avant tout du gras et du sucre ! », rappelle le magazine. Sans parler des gâteaux goûter et apéritifs, des pizzas et des plats cuisinés, pour la plupart aussi gras que les non-bio.
Même chose d’un point de vue environnemental : le label bio accepte l’utilisation de l’huile de palme dans la fabrication des produits qu’il certifie alors que l’on connaît bien les ravages de sa production sur les forêts d’Asie du Sud-Est. Tandis que les pionniers du biologique souhaitaient un retour vers des exploitations à taille humaine avec des rotations de cultures pour le respect de la biodiversité, certains producteurs se tournent désormais vers des monocultures déployées sur d’immenses parcelles. Résultat : le « labourage excessif » qui a lieu sur ces terres « détruit la microfaune des sols et utilise des engins motorisés polluants ». Et que penser, enfin, de l’impact carbone, considérable, des fruits bio hors-saison et importés de pays lointains et de l’exploitation des travailleurs immigrés dans les champs, en particulier en Espagne et en Italie ?
Pas de pesticides au-dessus des seuils autorisés
Quoi qu’il en soit, un produit estampillé AB offre malgré tout de meilleures garanties que les produits conventionnels : la présence de pesticides est très restreinte et les OGM sont quasi absents. Sur les 130 produits bio étudiés, aucun ne contenait de résidus de pesticides au-delà des seuils autorisés. Mais l’enquête a tout de même relevé « la présence de polychlorobiphényles (PCB) et de dioxines dans des œufs et du lait bio », affirment les journalistes. Cela est dû au fait que les labels ne contrôlent pas les sols cultivés. Or, on y retrouve parfois des substances polluantes accumulées au fil des années. Au final, 60 millions de consommateurs conseille de privilégier les nouveaux labels, plus exigeants, comme Bio Cohérence, Nature et Progrès, Demeter ou Biodyn. Côté enseignes, le magazine recommande particulièrement Biocoop, l’une des dernières à être restée indépendante. Et de conclure : « plus encore que de manger bio les yeux fermés, les démarches les plus efficaces pour protéger l’environnement et sa santé consistent à augmenter sa consommation de fruits et légumes en privilégiant les produits locaux et de saison, à diminuer sa consommation de viandes et de charcuterie et à limiter les produits ultra-transformés ». CQFD.