Depuis quelques mois, les maisons de naissance sont officiellement autorisées à se développer dans notre pays. Quels sont leurs avantages et leurs limites ? Les réponses d’Aurélie Knaps, sage-femme et présidente du collectif des maisons de naissance françaises.
Le 27 novembre dernier, un décret a acté le développement des maisons de naissance. Autorisées à titre expérimental en 2015, 8 maisons de naissance ont été créés dans 6 régions et le texte prévoit la mise en place de 12 nouvelles structures dans les deux ans à venir. « C’est une avancée majeure que nous attendions depuis des années car cela fait 30 ans qu’on parle de maisons de naissance en France. Elles sont beaucoup plus développées en Angleterre, en Suisse, en Allemagne, en Belgique ou aux États-Unis. En France, il y avait une forte demande de choix de la part de certaines futures mamans qui veulent un accompagnement individuel », commente Aurélie Knaps, sage-femme à la maison de naissance PHAM de Bourgoin-Jallieu et présidente du collectif des maisons de naissance françaises.
Un suivi personnalisé pendant et après la grossesse
Alternative à l’hospitalisation classique dans un hôpital ou une maternité, une maison de naissance est placée sous la direction des sages-femmes qui proposent une prise en charge de la grossesse et de l’accouchement moins médicalisée. Selon le décret, ce sont des « structures permettant la réalisation par des sages-femmes des accouchements à bas risque des femmes dont elles ont suivi la grossesse dans le cadre d’un conventionnement avec une maternité contiguë ».
« Les maisons de naissance s’adressent, en effet, à des femmes qui sont en bonne santé et qui ont une grossesse simple. Dès qu’une pathologie apparaît, elles doivent être accueillies dans une structure hospitalière de type maternité », explique Aurélie Knaps. « Les femmes sont suivies tout au long de leur grossesse par un binôme de sages-femmes présentes lors de l’accouchement mais aussi lors des séances de suivi quotidiennes à domicile des premiers jours de vie. C’est ce qu’on appelle un suivi global : il permet d’instaurer une relation de confiance avec les femmes et d’individualiser leur projet de naissance », ajoute-t-elle. L’accouchement est physiologique et nous intervenons le moins possible afin de laisser la femme accoucher avec toutes ses capacités. Il n’y a pas de prise en charge médicamenteuse de la douleur et d’interventions médicales. Il n’y a pas non plus d’hospitalisation et la mère et l’enfant retournent donc à leur domicile quelques heures après la naissance.»
En cas de problème pendant l’accouchement ou après la naissance du bébé, un transfert médicalisé de la maman ou/et de son enfant a lieu vers une maternité « Comme le stipule la loi, les maisons de naissance en France sont attenantes à une maternité ayant une activité de gynécologie obstétrique. Des procédures de transfert ont été mises en place avec des fichiers partagés. La femme et éventuellement l’enfant doivent pouvoir être transférés par nos propres moyens sur un brancard allongé. Les structures sont donc très proches », souligne Aurélie Knaps.
Une forte demande des futures mamans
Concrètement les futures mamans qui souhaitent accoucher dans une maison de naissance ont plusieurs possibilités car ces structures ne fonctionnent pas toutes de la même manière. « Généralement, elles commencent par contacter la maison de naissance la plus proche de chez elles, qui se chargera de répartir les demandes entre les différentes sages-femmes travaillant dans la structure ». Les familles doivent s’y prendre tôt car la demande peut être importante en fonction des territoires. « Je conseille aux futures mamans de s’inscrire dès le début de grossesse d’autant que la validation de leur inscription dépend souvent de leur zone d’habitation. Si elle est trop éloignée de la structure ou de la zone d’intervention des sages-femmes, cela devient compliqué car la notion de proximité est primordiale pour la qualité du suivi », conclut Aurélie Knaps.