A l’heure du tout numérique, on pourrait facilement penser que les Français sont connectés et adaptés au monde du digital. Pourtant, « une étude de l’Insee révèle qu’une part importante de la population française est exclue ou en difficulté avec les usages du numérique » (vie-publique.fr).
En effet l’illectronisme, qui correspond à « l’exclusion des usages numériques ou la difficulté éprouvée face à ces derniers » (Les Echos), touche aujourd’hui 17% de la population française.
Par ailleurs, toutes les tranches sont concernées par cette situation : aussi bien les seniors que les personnes immigrées, les chômeurs ou encore les habitants des quartiers sensibles (jeunes y compris).
A contrario, les ménages les plus aisés et la majorité des jeunes sont eux parfaitement adaptés aux usages du digital au quotidien. En effet seulement 2% des jeunes de 15 à 29 ans ne sont pas équipés d’un accès à Internet chez eux, contre 50% chez les seniors. Dans la même optique cette situation s’applique également à plus d’un quart des ménages modestes, contre seulement 4% pour les ménages les plus aisés.
Cette grande disparité, c’est ce qu’on appelle aujourd’hui la fracture numérique. Cette situation n’a fait que s’aggraver ces deux dernières années avec les confinements qui, avec la généralisation de l’enseignement à distance et du télétravail, ont encore plus isolé ces publics. Par ailleurs la dématérialisation croissante des services publics ou de la monnaie n’a fait que renforcer cette dynamique, aggravant ainsi la précarité et l’isolement des personnes en situation d’illectronisme.
Or, une personne sur six aujourd’hui en France ne sait pas utiliser correctement Internet et une personne sur trois manque des compétences numériques de base (effectuer une recherche Internet, envoyer un mail, utiliser un éditeur de texte, etc), ce qui peut être grandement handicapant pour réaliser des démarches administratives, pour effectuer une recherche d’emploi ou pour tout simplement rester en contact avec ses proches.
Face à la nécessité d’inclure ces publics dans le monde du digital de nombreuses initiatives se sont mises en place, aussi bien sur le territoire national qu’à des échelons plus locaux. Nous vous proposons de les évoquer dans la seconde partie de cette revue de presse, afin de pousser la réflexion et la sensibilisation sur cet enjeu plus que contemporain.
Quelques exemples d’initiatives territoriales
Comme premier exemple, nous souhaitons vous parler d’une collectivité avec le « projet numérique pour tous » de Rennes Ville et Métropole. Le projet concerne 43 communes et des centaines d’agents territoriaux, dont les compétences digitales sont parfois bien en deçà de celles exigées par l’administration. En effet, près de 3000 agents territoriaux sont aujourd’hui sans adresse mail. Outre le blocage d’un point de vue professionnel, cette situation est également bloquante pour eux d’un point de vue personnel. Pour Johan Theuret, directeur général adjoint de la DRH de Rennes métropole, « il s’agit, d’un côté, de donner une identité numérique à tous les agents pour faciliter les échanges notamment, de l’autre, de renforcer leurs compétences afin de favoriser la mobilité ».
Pour faciliter ces démarches ont été déployés des conseillers et médiateurs numériques afin d’animer des ateliers de travail et sensibiliser les agents sur ces questions. « L’idée est de faire grandir tout le monde numériquement », précise Camps Pascale, responsable du service postes de travail à la DSI de la métropole. Bien évidemment ces ateliers fonctionnent uniquement sur la base du volontariat et n’obligent en aucun cas les agents.
Les écoles sont ensuite un des piliers phares pour la réduction de la fracture numérique en France. De nombreuses initiatives se sont créées dans ce sens comme le « Pack Numérique Lycéen », qui a pour but de « construire un environnement propice aux usages numériques des lycéens ». Les élèves se verront mettre à leur disposition des postes informatiques (souvent issus de l’économie circulaire) avec lesquels ils pourront apprendre les usages numériques de base dans des situations du quotidien. Avec ces ordinateurs ils pourront également avoir accès à de nombreuses ressources éducatives numériques ou à des plateformes d’échange avec leurs camarades.
Enfin, les formations aux métiers du digital évoluent également ! Désireux de s’éloigner de l’image du « geek », les parcours de formations ont innovés pour montrer que les métiers du digital sont ouverts à tous et peuvent avoir un impact positif sur la société. C’est le cas notamment de l’École Hexagone qui ouvre ses portes à une multiplicité de profils, proposant notamment des parcours adaptés selon les profils de ses apprenants.
Sources : vie-publique.fr, La Gazette des communes, l’Etudiant, Région Normandie