Les collectivités territoriales sont confrontées à plusieurs défis en matière de recrutement et d’égalité professionnelle. Tandis qu’elles simplifient leurs procédures pour attirer de nouveaux talents, elles doivent également répondre à des exigences légales croissantes, comme la mise en place de l’index d’égalité professionnelle. Ces initiatives montrent une volonté de modernisation et d’adaptation face aux nouvelles attentes. On fait le point dans notre nouvelle revue de presse.

Egalité professionnelle dans les collectivités locales

Une amélioration notable des recrutements malgré des défis persistants

Selon le 15e baromètre de Randstad, les collectivités locales ont enregistré une amélioration dans leurs efforts de recrutement en 2024. Si en 2023, près de 67 % des collectivités signalaient des difficultés à pourvoir leurs postes, ce chiffre est tombé à 58 % en 2024, marquant une baisse de 9 points. Cette amélioration est particulièrement notable dans les petites communes, où seulement 48 % des responsables signalent encore des difficultés, contre 59 % l’année précédente.

Les conseils départementaux et régionaux voient également leurs difficultés diminuer de 17 points. Cependant, certaines catégories de collectivités, comme les grandes communes, continuent de rencontrer des obstacles majeurs. Dans ces dernières, 68 % des responsables RH affirment que le manque de candidatures, la rémunération et l’inadéquation des profils restent des problèmes.

Adaptation et simplification des processus de recrutement

Pour surmonter ces obstacles, les services des ressources humaines des collectivités locales ont ajusté leurs stratégies. Une des principales évolutions réside dans la réduction du temps de recrutement, une mesure adoptée par 60 % des collectivités. Cette simplification est facilitée par la mobilisation moins systématique des élu(e)s pour les recrutements non-cadres.

Par ailleurs, les collectivités valorisent de plus en plus les parcours professionnels des candidat(e)s pour ajuster les rémunérations, en particulier dans les secteurs où la concurrence avec le secteur privé est forte. Le régime indemnitaire (RIFSEEP) est ainsi utilisé comme levier pour attirer des talents, en modulant les primes en fonction de l’expertise et de l’engagement professionnel.

L’intelligence artificielle, un enjeu encore à explorer

Malgré la modernisation des pratiques RH, l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans les collectivités reste marginale. Bien que 69 % des responsables RH anticipent une évolution des métiers sous l’effet de l’IA, seulement 13 % des collectivités ont lancé ou prévoient de lancer des projets liés à cette technologie en 2024. Les petites communes sont particulièrement en retard dans ce domaine, avec seulement 2 % d’entre elles explorant des solutions basées sur l’IA.

L’index d’égalité professionnelle : un nouvel enjeu réglementaire

En parallèle des défis liés au recrutement, les collectivités doivent désormais se conformer à l’index d’égalité professionnelle, étendu en 2024 aux branches territoriale et hospitalière de la fonction publique. Cet index, qui mesure les écarts de rémunération et de promotion entre hommes et femmes, doit être publié au plus tard le 30 septembre 2024 pour toutes les collectivités de plus de 40 000 habitant(e)s.

Cet outil est composé de quatre indicateurs principaux, dont les écarts de rémunération entre fonctionnaires masculins et féminins, ainsi que le pourcentage d’agents de chaque sexe dans les dix plus hautes rémunérations. Les collectivités qui obtiendraient moins de 75 points sur 100 risquent des amendes allant jusqu’à 1 % de leur masse salariale après trois années consécutives de mauvais résultats.

Les premières publications des résultats de cet index sont attendues, avec des exemples déjà disponibles, comme celui de la région de La Réunion, qui a obtenu 89 points sur 100. Si elle obtient un score parfait en matière d’écart de rémunération, des efforts sont encore nécessaires en termes de promotion et de répartition des plus hautes rémunérations.

L’index d’égalité professionnelle soulève également des critiques, notamment de la part des syndicats, qui estiment que sa méthode de calcul ne rend pas compte de manière exhaustive des inégalités entre hommes et femmes.

Julia Rodriguez