Alors que les objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2050 exigent des actions urgentes, les collectivités territoriales sont au cœur de la mise en œuvre de la transition écologique en France. Cependant, une nouvelle étude met en lumière le gouffre financier auquel ces acteur(trice)s locaux sont confrontés pour atteindre les objectifs climatiques, nécessitant des investissements massifs et une révision des politiques publiques.
Un besoin d’investissement colossal
Selon une étude publiée par l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) et la Banque postale, les collectivités doivent investir 11 milliards d’euros supplémentaires par an jusqu’en 2030 pour réussir leur transition écologique. Cela représente plus du double des investissements actuels des collectivités dans les secteurs du bâtiment, des transports, et de l’énergie, qui ont atteint 10 milliards d’euros en 2023, marquant une augmentation de 44 % depuis 2017.
Ces investissements sont nécessaires pour la décarbonation des équipements publics, le développement des infrastructures de transport en commun, la promotion de la mobilité électrique, et la rénovation énergétique des bâtiments publics. L’étude souligne toutefois que ces besoins sont un minimum et n’incluent pas toutes les dépenses liées à la mise en œuvre des politiques climatiques locales.
Des investissements en hausse, mais insuffisants
Si les collectivités ont déjà intensifié leurs efforts en matière d’investissements favorables au climat, ces efforts doivent s’accélérer. Cependant, l’augmentation des investissements dans ces secteurs s’accompagne d’une hausse des coûts, notamment en raison de l’inflation dans le secteur des travaux publics. De plus, l’ampleur des besoins dépasse les capacités actuelles des collectivités, notamment au niveau des départements et des régions, qui devront tripler leurs investissements par rapport à 2022.
Un cadre budgétaire incompatible
L’étude met également en lumière les contradictions entre les besoins d’investissement pour le climat et les orientations budgétaires actuelles. Le cadre de la loi de programmation des finances publiques 2023-2027, ainsi que le programme de stabilité de 2024, sont jugés incompatibles avec les investissements nécessaires pour la transition écologique. Des coupes budgétaires pourraient compromettre l’élan des collectivités locales et brouiller le signal envoyé par l’État, notamment à travers la création du Fonds vert, destiné à financer les projets climatiques locaux.
La question de l’équilibre entre l’effort des collectivités locales et celui de l’État est cruciale. L’étude souligne la nécessité d’un dialogue renforcé entre l’État et les collectivités pour définir une nouvelle trajectoire budgétaire. Une stabilisation des dotations, comme le Fonds vert, et un soutien accru de l’État sont jugés indispensables pour permettre aux collectivités de répondre aux défis climatiques tout en maintenant la qualité des services publics.
Julia Rodriguez