La Cour des comptes a publié son rapport annuel, offrant un aperçu de la situation financière des collectivités territoriales. Alors que les finances des collectivités métropolitaines se détériorent, en grande partie à cause de l’inflation, les collectivités d’Outre-mer voient leur situation s’améliorer. Cette amélioration s’accompagne cependant de certains défis persistants, notamment en matière de gestion budgétaire et de retards de paiement. On vous en parle dans notre nouvelle revue de presse.
Une amélioration notable des finances ultramarines
Le rapport de la Cour des comptes met en lumière une tendance positive pour les collectivités d’Outre-mer. En 2023, l’épargne des collectivités ultramarines a augmenté de 4,8 %, contrastant fortement avec la baisse globale de l’épargne des collectivités métropolitaines, qui s’élève à -4 milliards d’euros par rapport à 2022. Cette augmentation de l’épargne s’accompagne d’une hausse des investissements, avec des dépenses réelles d’investissement en progression de 36,2 %.
Par ailleurs, les collectivités ultramarines parviennent progressivement à se désendetter. En 2023, il fallait 4,9 années d’épargne brute pour rembourser l’ensemble de leurs dettes, contre 5 ans en 2022 et plus de 7 ans en 2017. Ces chiffres témoignent d’une gestion financière plus rigoureuse et d’une amélioration de la situation économique de ces territoires.
Des disparités et des défis à relever
Malgré ces progrès, la Cour des comptes souligne plusieurs points de vigilance. Les retards de paiement des collectivités d’Outre-mer, notamment envers les fournisseurs locaux et l’Urssaf, restent préoccupants. À la fin de 2023, les collectivités ultramarines étaient redevables de près de 72 millions d’euros de cotisations et de contributions sociales, certaines dettes datant de 2018.
Les disparités entre les différentes régions d’Outre-mer sont également notables. En moyenne, les collectivités des DROM (Départements et régions d’outre-mer) ont perçu 4 453 euros de dotations par habitant(e), soit 21 % de recettes de fonctionnement en plus que celles de la France métropolitaine. Cependant, ces chiffres masquent des situations contrastées : les collectivités de Guadeloupe et de Martinique ont reçu 45 % de recettes de fonctionnement de plus par habitant(e) que les collectivités hexagonales, tandis que celles de Guyane ont reçu 1 % de moins, et celles de Mayotte 28 % de moins. La croissance démographique rapide à Mayotte et en Guyane, par opposition à la stabilisation à La Réunion et la diminution aux Antilles, explique en partie ces disparités.
La situation particulière de la Guyane et de la Guadeloupe
Les communes de Guyane et de Guadeloupe sont particulièrement surveillées. En 2023, 26 % des communes de Guyane et 25 % des communes de Guadeloupe ont fait l’objet d’avis budgétaires par les chambres régionales des comptes, comparé à moins de 0,3 % des communes de la France métropolitaine. Ces avis peuvent conduire à des plans de redressement pluriannuels pour restaurer l’équilibre budgétaire.
Si les collectivités d’Outre-mer montrent des signes encourageants d’amélioration financière, des défis importants demeurent, notamment en matière de retards de paiement et de disparités régionales. Pour maintenir cette dynamique positive, il sera crucial de renforcer la gestion budgétaire et d’assurer un soutien équitable aux différentes régions ultramarines.
Julia Rodriguez