La dermographie médicale permet d’améliorer des surfaces de la peau abîmées. Différente du tatouage et du maquillage permanent, cette technique repose sur l’utilisation d’encres médicales et possède de multiples indications.
La dermographie repose sur l’injection dans le derme d’encres médicales. « Elle est pratiquée depuis les années 1960 et a été généralisée en France par le chirurgien plastique Jean-Paul Tiziano », précise Myriam Grzonkowski, dermographiste et formatrice. Elle permet de redonner à la peau son aspect naturel et de restaurer des structures anatomiques grâce à une colorisation. Si cette intervention a un objectif esthétique, elle participe aussi à la reconstruction psychologique des personnes qui ont des complexes liés à une particularité physique ou à des séquelles de traitements oncologiques. Il s’agit d’un véritable acte médical réalisé avec des encres spécifiques qu’il faut différencier du tatouage et du maquillage permanent (cf. encadré).
Les encres médicales injectées dans le derme sont composées de pigments minéraux. Faisant l’objet d’études d’innocuité strictes, elles sont bien tolérées par la peau. « Ces produits sont des dispositifs médicaux normés CE2b avec les mêmes contrôles très stricts par exemple que les prothèses. Comme ils ne contiennent, contrairement aux encres de tatouage, ni colle, ni fixateur, ils sont effaçables et perdurent moins longtemps. C’est pour cette raison que j’ai élaboré des techniques que j’enseigne afin de les faire durer plus longtemps », précise Myriam Grzonkowski. « Les risques allergiques, liés principalement aux encres, sont faibles car les pigments minéraux ne contiennent pas d’additifs et le risque infectieux lié à l’aiguille est minime si de bonnes conditions d’hygiène sont respectées », ajoute-t-elle.
De nombreuses indications après un cancer
La dermographie permet de colorer une zone dépigmentée en présence d’un vitiligo mais aussi de restructurer le contour des lèvres d’une personne qui a un bec de lièvre. Elle permet également d’atténuer des cicatrices ou des brûlures, d’améliorer l’apparence d’une cicatrice liée à une césarienne et s’avère très utile après un cancer. Après une mastectomie, il est ainsi possible de corriger ou même de créer une aréole mammaire. La dermographie médicale permet aussi retracer des sourcils après une chimiothérapie.
Comme toutes les techniques, elle présente des contre-indications. Elle ne doit ainsi pas être pratiquée en cas de cicatrice inflammatoire non stabilisée, de maladies infectieuses, de maladies dermatologiques évolutives ou auto-immunes, de pathologies sévères et est déconseillée aux personnes immunodéprimées. « Il ne faut pas non plus être sous traitement et être sous surveillance médicale. C’est un cheminement mais il faut que la dermographie soit effectuée en respectant des précautions afin de ne pas mettre en danger les patients », conclut Myriam Grzonkowski.
À qui s’adresser ?
« La dermographie doit être pratiquée par des dermographistes formés. Or, avec la mode du tatouage, certains tatoueurs ont investi le marché. Rappelons qu’un tatouage artistique est indélébile contrairement à la dermographie et que cela peut poser des problèmes quand c’est une aréole mammaire qui a été recréée car le corps d’une femme change avec le temps. D’autre part, les tatoueurs n’ont pas les compétences pour interroger la personne sur son parcours de santé contrairement à un dermographiste qui fait remplir un questionnaire médical. Un acte de dermographie est une effraction cutanée et requiert de véritables compétences médicales et de bonnes connaissances anatomiques », précise Myriam Grzonkowski.