Entré en vigueur le 1er mars 2022, le contrat d’engagement jeune (CEJ) a déjà séduit 250 000 jeunes en situation de décrochage. Focus sur ce dispositif prometteur mais perfectible.

Qu’est-ce que le contrat d’engagement jeune ?

En France, 12,9 % des jeunes ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation. « Finie la galère : trouvez un emploi qui va vous plaire » : c’est avec ce slogan que le ministère du Travail entend les remettre en selle. La cible : les jeunes en situation de décrochage scolaire ou ayant des problèmes d’addiction, sortant de l’aide sociale à l’enfance (ASE) ou sans domicile fixe. Son arme : le contrat d’engagement jeune (CEJ). Lancé en mars dernier en remplacement de la garantie jeunes, il vise à accompagner vers l’emploi les 16-25 ans en rupture, durement touchés par la crise.

Un accompagnement renforcé

Porté par les missions locales et Pôle emploi, le CEJ propose aux jeunes de 16 à 25 ans (29 ans pour les jeunes en situation de handicap) un accompagnement intensif et personnalisé de 15 à 20 heures par semaine sur une période de 6 à 12 mois (18 sous certaines conditions). S’il est générateur de droits et de devoirs, il ne s’agit pas d’un contrat de travail au sens strict mais plutôt d’un plan d’action individualisé comprenant : immersions professionnelles, stages, formations, ateliers collectifs, service civique… Le but étant d’accéder à un emploi durable. En contrepartie, le jeune reçoit une allocation mensuelle dont le montant peut aller jusqu’à 520 € par mois en fonction de l’âge, des ressources et du rattachement ou non au foyer fiscal des parents. En pratique : l’inscription s’effectue en ligne via un test d’éligibilité. Il va permettre aux bénéficiaires d’être recontactés par Pôle Emploi ou une mission locale, qui coordonnent les actions avec les autres acteurs impliqués : entreprises, associations, collectivités territoriales… Tout au long du programme, les jeunes sont accompagnés par un conseiller, joignable notamment via une application dédiée.

Bien mais peut mieux faire

Le coût de la mesure est estimé à 2,6 milliards d’euros dont 80 % viennent des 5,4 milliards du plan « Un jeune, une solution » lancé à l’été 2020. Mi-décembre, le Conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ) publiait un bilan aux conclusions encourageantes, tout en proposant des pistes d’amélioration. La conclusion du rapport d’étape du COJ remis le 16 décembre 2022 au ministre du Travail formule 60 propositions pour garantir la réussite du dispositif. Parmi elles : un meilleur ciblage des populations invisibles, dites « hors radars » du service public de l’emploi. En effet, sur les 250 186 contrats signés (sur les 300 000 escomptés par le gouvernement), les trois quarts des bénéficiaires étaient déjà connus des Missions locales et de Pôle emploi. Autre piste : une meilleure couverture sur le territoire, en particulier pour les jeunes vivant en zone rurale.

Un modèle pour la réforme du RSA

Le dispositif a été choisi pour inspirer la refonte de l’aide à l’insertion professionnelle des bénéficiaires du RSA. Lancée dans 19 départements, l’expérimentation (sur la base du volontariat) s’appuie sur le principe des droits et devoirs du CEJ. Ainsi le versement du RSA sera conditionné à une obligation d’activité de 15 à 20 heures par semaine. En échange, les allocataires bénéficieront d’un suivi intensif avec un conseiller référent. Une initiative qui s’inscrit dans le cadre de France Travail, le guichet unique de l’emploi voulu par le gouvernement.