En France, l’état de santé de la population est marqué par un paradoxe : il est plutôt bon en moyenne mais des inégalités de santé importantes subsistent toujours. L’épidémie de Covid-19 n’a fait qu’aggraver ce phénomène en frappant plus durement les populations fragiles et a donc agi comme un révélateur. On vous en dit plus dans notre nouvel article.

Le rôle des collectivités territoriales dans la réduction des inégalités de santé

Les inégalités de santé sont des « différences systématiques, évitables et importantes dans le domaine de la santé ». Elles sont le résultat d’une inégalité de distribution de déterminants sociaux tels que le genre, le pays de naissance, la composition familiale, le revenu, la scolarité, le métier, etc.. Ainsi, les personnes ayant une position sociale favorable sont en meilleure santé que celles qui sont juste au-dessous.

De fortes disparités locales

Concrètement en France, dans le nord et l’est, en Bretagne ou dans le centre, la population présente globalement un moins bon état de santé. A l’inverse, il est plus favorable dans les zones plus riches. Si l’on zoome davantage, il existe aussi de fortes disparités locales en termes de prise en charge, d’accès aux soins et de risques autour des villes moyennes comme des grandes métropoles. Une enquête de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) publiée en 2021, montre que trois-quarts des personnes les plus éloignées des professionnel(le)s de santé de premier recours vivent dans des territoires ruraux.

Quels leviers pour les collectivités territoriales ?

Les collectivités locales peuvent-elles agir directement pour réduire ces inégalités ? Pour Daniel Benamouzig, directeur de recherche au CNRS et de la chaire « santé » de Sciences-po, « il faut agir en amont, sur la santé publique. Les collectivités peuvent le faire sur l’alimentation, le logement, l’urbanisme. Favoriser une montée en charge de la compétence locale en santé publique peut, à l’échelle plus large, déplacer le curseur vers un système de santé plus orienté vers la santé publique et la prévention ».

Cette dynamique est déjà engagée, notamment au travers de la loi « 3DS » de 2022 (relative à la différenciation, à la décentralisation et à la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale) et de la loi de modernisation du système de santé depuis 2016. Ces réformes ont permis de créer des outils dont se saisissent les acteur(trice)s locaux(ales) comme les communautés professionnelles territoriales de santé ou les projets territoriaux de santé par exemple. Toujours selon Daniel Benamouzig, les « conseils locaux de santé conçus historiquement pour les territoires socialement défavorisés, tendent à être étendus à d’autres. Les appels à projets, d’offres et à manifestation d’intérêt émis dans le cadre des projets régionaux de santé et auxquels les collectivités peuvent répondre sont d’autres leviers ».