L’association Baluchon France promeut le « baluchonnage » comme solution de répit. Le concept est simple : un professionnel se rend au domicile d’une personne malade, handicapée ou vulnérable et s’occupe de celle-ci afin que son aidant puisse s’absenter.

Proposer un peu de répit aux personnes qui apportent une aide à un proche handicapé, malade ou en perte d’autonomie : telle est la vocation de Baluchon France. L’association à but non lucratif travaille depuis 2014 à faire connaître et à mettre en place le baluchonnage, une solution née au Québec en 1999. « Le principe est qu’un professionnel spécialisé remplace l’aidant à domicile, pour plusieurs jours consécutifs, afin de prendre soin de la personne aidée, explique Rachel Petitprez, directrice de Baluchon France. Cela permet à l’aidant de s’absenter et de prendre du temps pour lui. »

Une préparation minutieuse

Baluchon France

Concrètement, lorsqu’un aidant contacte l’un des 14 services qui adhèrent à Baluchon France, c’est toute une procédure qui se met en œuvre. « Nous commençons par nous assurer qu’il est bien d’accord pour confier celle ou celui qu’il aide à un professionnel et héberger ce dernier dans sa maison, indique la directrice de l’association. Ensuite, le coordinateur du service se rend au domicile pour rencontrer l’aidant et son proche-aidé et réaliser une évaluation (état de santé de l’aidé, services extérieurs intervenants au domicile, difficultés éventuelles…). Le dossier est proposé à un baluchonneur, qui est libre d’accepter ou de refuser la mission et qui peut ajuster les conditions. Il peut par exemple demander que le chien de la famille soit gardé à l’extérieur du domicile. Ces échanges aboutissent à la rédaction d’un recueil qui compile tous les détails de la vie quotidienne nécessaires à un bon baluchonnage. » Le jour J, le baluchonneur et l’aidant règlent les derniers détails : gestion de l’argent pour faire les courses, vérification de la prise des médicaments, autorisations de visites, etc. « Toutes ces étapes permettent à l’aidant de partir plus sereinement », estime Rachel Petitprez.

Un accompagnement plus global

Au cours de sa mission, le baluchonneur est contacté quotidiennement par un coordinateur qui s’assure que tout se déroule convenablement. Il peut aussi le contacter à tout moment en cas de besoin. Le dernier jour, une transmission avec l’aidant permet d’échanger des informations. Puis, dans les quinze jours qui suivent, le professionnel rédige un journal d’accompagnement qui retrace le séjour, les activités et les émotions de l’aidé. Cette étape est aussi l’occasion de proposer des stratégies pour résoudre les situations difficiles. « C’est un service en plus indispensable, considère la directrice de Baluchon France. Les professionnels qui ont vécu avec l’aidé apportent leur expertise, délivrent des conseils et présentent des solutions (financières, matérielles ou humaines) adaptées à chaque situation. »

Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.baluchonfrance.com

Expérimentation en cours

La mise en œuvre du baluchonnage dans l’Hexagone s’est heurtée à un obstacle de taille : la question du financement. Le reste à charge moyen s’élève en effet à 75 euros par jour, quand le coût réel du service est évalué à 650 euros par jour. Pour l’heure, il existe des subventions de caisses de retraite, de fondations et de certains conseils départementaux, mais les montants des aides sont très disparates. La législation du travail a également été un frein au démarrage. « Lors d’un baluchonnage, le professionnel doit être présent 24 heures sur 24, et cette condition n’était pas compatible avec le Code du travail, indique Rachel Petitprez, directrice de Baluchon France. Mais en 2019, nous avons bénéficié d’une dérogation qui a permis d’expérimenter cette solution de répit. » Dans ce cadre, les services de l’État ont sélectionné 40 services répartis sur le territoire, dont 14 s’appuient sur l’expertise de Baluchon France, qui propose des formations et des outils. La fin de l’expérimentation, prévue le 31 décembre 2021, approche à grands pas et les professionnels attendent encore de savoir si la dérogation sera prolongée ou si le baluchonnage sera mis en place définitivement.